Quantcast
Channel: Mézères, la récolte d'après » souvenirs
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5

« Les soucis agricoles, je les ai posés »

$
0
0

Félix et Lucienne Ramel

Ce blog a ouvert avec la famille Ramel , le voilà qui s'achève en retournant en bas du hameau de Vioches, au lieu-dit de Chalendar, où habite la famille depuis plusieurs générations. Cette fois, c'est auprès de Lucienne et Félix, les parents de Christian et Marc dont nous avons déjà parlé, que l'on va s'enquérir de ce qu'est la vie à la campagne aujourd'hui. Nés dans les années 1940, ces agriculteurs retraités ont vu bien des changements. Aujourd'hui ils "profitent des bons côtés", disent-ils.

"Si les jeunes voyaient ça, y'aurait plus de paysans"

Un peu comme Marie-Rose Eyraud (voir "Mémoire d'une génération, mémoire d'un village" ), Félix et Lucienne font partie de ceux qui se souviennent de l'ancien temps. Félix est né en 1940 et Lucienne en 1943. Tous deux se rappellent avoir labouré les champs avec un simple attelage de bœufs. "Des tracteurs il commençait à en y avoir dans les plaines, mais ils n'étaient pas encore arrivés jusque chez nous. Si les jeunes voyaient ça, y'aurait plus de paysans", sourit Félix. Le couple a été un des premiers à avoir un tracteur dans le village, mais il a fallu attendre 1967.

Félix est parti très jeune en pension. C'est en revenant, à l'âge de 16 ans, qu'il s'est définitivement installé dans la ferme que tenait son père. Il l'a reprise sans trop se poser de questions. "Ça s'est fait presque tout seul", confie-t-il. Son frère avait repris l'autre domaine de la famille, à Saint-Julien-du-Pinet un village de l'autre côté de la colline. Alors lui a repris la partie à Mézères quand son père est parti en retraite. "Il suffisait de s'inscrire à la MSA (la Mutelle sociale agricole) et c'est tout." Pas d'histoires de GAEC et d'investissements. Encore moins besoin d'école agricole. C'était aussi l'époque où les fils pouvaient se partager les terres du père et partir chacun de leur côté. Une époque révolue à l'heure de la concentration et de la nécessité d'atteindre une taille critique pour être rentable.

 De fils aîné en fils aîné

La succession est souvent une question douloureuse dans le monde agricole. Combien d'agriculteurs voient leur exploitation fermer lorsqu'ils prennent leur retraite, faute de repreneur ? Félix n'a pas eu ce soucis. Près de quarante ans après son installation, c'est son fils Marc qui reprenait l'exploitation. Là encore, la transition s'est faite assez naturellement. Marc était l'aîné et le seul à vouloir continuer dans cette branche. Les deux filles, Nicole et Cécile, étaient parties en ville et Christian le cadet, voulait travailler dans la mécanique.

"Aujourd'hui, j'aide encore. Mais si j'y vais pas, personne ne me dit rien", souffle Félix en retraité heureux. "Les soucis agricoles je les ai posés, et c'est déjà un gros soulagement. Je sais même pas combien ils le vendent le lait, je veux plus m'en occuper", explique-t-il en faisant un signe des mains comme s'il se débarassait d'un fardeau.

La famille et les voyages

Pourtant à entendre ses fils justement, "il n'arrête pas". "Ah oui, j'ai pas le temps de m'embêter à rester là à examiner je ne sais quoi, réplique-t-il. Je fais le jardin pour toute la famille. - Et moi de la confiture !", complète Lucienne. Il a — en partie seulement — délaissé le champ pour le jardin. En automne, il n'est pas rare de le voir sortir des forêts avec un panier rempli de cèpes. Et surtout, s'il est presque impossible à trouver chez lui la journée, c'est qu'il passe son temps dans les bois à couper des arbres pour faire du bois de chauffage pour tous ses enfants.

Des enfants et petit-enfants qui leur tiennent compagnie. "C'est qu'on peut se retrouver seul à la campagne, prévient Félix, si on n'a pas de famille à côté." De ce côté là, ils sont bien lotis puisque Marc habite juste en face et Christian à peine plus haut. Cela veut dire qu'il faut parfois donner un coup de main, mais l'aide fonctionne dans les deux sens. "Du moment qu'il y a des enfants et des petits-enfants, ça fait un bon groupe, sourit Félix. C'est facile de les ramasser en plus : il suffit qu'on leur dise qu'on va faire un barbecue et ils sont tous là !"

Il y a quand même une grande nouveauté dans la vie de Félix et Lucienne depuis qu'ils ont pris leur retraite d'agriculteurs : ils peuvent enfin voyager ! "Avant on faisait quelques sorties avec les anciens d'Algérie , disent-ils. Tous les ans, ils organisaient un voyage, mais les agriculteurs n'étaient pas gâtés car ils ne pouvaient pas laisser la ferme. Et maintenant qu'on peut partir, les autres se sentent trop vieux. Ça les intéresse plus." Mais l'envie était trop forte pour se laisser décourager et ils ont pris l'habitude de "se faire des petites virées en voyages organisés". C'est devenu un vrai plaisir pour eux "sans faire trop de folies", nuancent-ils. Cette année par exemple, ils vont partir une semaine dans les Alpes.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 5

Latest Images





Latest Images